Ces artistes vers lesquels je reviens toujours
- Isabelle Feliu
- 24 mars
- 3 min de lecture
J’ai beaucoup de mal à avoir des préférences et à citer mes inspirations quand on me les demande. Cette question simplifie trop un sujet complexe : les plus belles couleurs varient selon leur contexte et leur agencement, les plus belles musiques selon l’humeur. C’est difficile de mettre le doigt sur des goûts qui évoluent.
Mais je dois en venir à l’évidence ; depuis dix ans que je suis illustratrice, il y a ces grands artistes et leurs œuvres qui m’ont inspirée continuellement. Je reviens toujours à eux ; certains m’apaisent, d’autres me stimulent. Ils ont chacun, à leur manière, traversé le temps. Dans un monde où les tendances changent constamment, ils sont pour moi une ancre qui me ramène à mes inspirations profondes et me motivent à continuer.
Einar Jolin
Entre structure ludique et romantisme de l’hiver
Si je n’avais jamais mis les pieds en Scandinavie, l’œuvre de ce peintre suédois me fascinerait tout autant. Ceci étant dit, il y a quand même quelque chose de magique et de romantique à se promener dans la rue et à s’apercevoir qu’on est comme dans un tableau d’Einar Jolin.
Vue sur les toits depuis Nordiska Kompaniet, Visby et La promenade par Einar Jolin
Harald Sohlberg
Une nuit d’hiver dans les montagne
Je ne connais pas bien l’œuvre complète d’Harald Sohlberg, mais il y a ce magnifique tableau à la galerie nationale d’Oslo devant lequel je dois toujours m’arrêter un instant. Il en émane un froid calme, une sérénité enveloppante dans un camaïeu de bleus. C’est mon fond d’écran éternel, parce que le regarder est comme une respiration profonde dans un paysage glacé qui clarifie l’esprit.
Hilma af Klint
Géométrie et abstraction explosive
C’est d’abord les photographies d’esquisses dans les carnets d’Hilma af Klint qui m’ont fascinée. Ses carnets d’esquisses donnent l’impression d’une quête méthodique, presque scientifique. Pourtant, l’œuvre qui en découle est vive et colorée. J’en ai ensuite appris davantage sur la démarche spirituelle qui a conduit l’artiste à créer sa fameuse série de tableaux géants. Son approche spirituelle me parle moins, mais ce contraste entre rigueur et explosion de formes et de couleurs me fascine, avec une sensibilité toute féminine.
Oeuvre de la série Évolution au Moderna Museet à Stockolm, puis 'Vetekornet', dans le livre Hilma af Klint, Catalogue Raisonné
Affiche d'Evolution no 13, achetée sur le site Empty Walls Store
Pierre Boncompain
Motifs et simplicité des lignes
La poésie des arbres à travers lesquels on entrevoit les détails d’immeubles aux lignes simples. Des motifs envoutants qui me ramènent en été. La texture singulière de son travail au pastel sec qu’on lui reconnaît tout de suite. Pierre Boncompain est le premier artiste vers lequel je me tourne quand je me sens démotivée ou que je n’ai pas envie de dessiner. L’univers qu’il transmet à travers ses compositions magnifiques est contagieux et m’inspire chaque fois.
Dans l’atelier de Pierre Boncompain, puis Jardin de Colette.
La fontaine du Vaucluse et Nappe aux rayures
Henri Matisse
L’intuition peaufinée
J’ai lu quelque part que Matisse doutait beaucoup ; qu’il retravaillait ses œuvres à maintes reprises, passant parfois des mois à repenser les couleurs et les textures, en réalisant plusieurs versions de la même idée jusqu’à ce qu’il en soit satisfait.
Quand on évoque la créativité des artistes, il y a cette pensée populaire que tout est une question de talent et d’inspiration. Je sais bien que c’est faux, et pourtant, j’ai été surprise. Matisse, pour moi, était l’incarnation de la spontanéité et du jeu, de l’exploration et de la curiosité. Savoir qu’il y avait ces moments de doute derrière ce génie joueur me permet d’apprécier son œuvre davantage et, par la même occasion, me rappelle que la créativité naît aussi de l’inconfort et du doute.
L'atelier rouge puis Apollo au Moderna Museet
Citation d'Henri Matisse à la Chapelle du Rosaire à Vence
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